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Dans le shack à Hector

4 novembre 2021
Cassiopée Dubois

Oui, le titre de ce billet fait référence à une chanson connue des Cowboys fringants, qui racontent une hilarante histoire de beuverie qu’il est toujours de bon goût de chantonner à la Saint-Jean! 

Mais pour moi, depuis cet été, cette chanson fait référence à mon voisin Hector, qui n’est pas québécois du tout. La prononciation de ses « r » le trahit, sa langue maternelle est bel et bien l’espagnol. C’est avec plaisir que je vous le présente. 

Hector est soudeur dans une entreprise de la région depuis deux ans. Il vient de Colombie, tout comme plusieurs autres travailleurs étrangers temporaires qui œuvrent dans les entreprises beauceronnes. Il adore la bière, la musique et le BBQ, et parle un français approximatif, mais compréhensible. Comme tout bon Québécois finalement… 

C’est parce que nos enfants voulaient jouer ensemble dans la cour arrière que nous nous sommes rencontrés. Depuis nous sommes amis.  

Partager comme si les réseaux sociaux n’existaient pas 

Nous avons commencé à discuter autour d’une bière à l’aide de Google traduction (Dieu merci, ce service existe). Nous avons ensuite échangé de la bouffe et cuisiné ensemble pour apprendre les techniques de l’autre. Nous avons discuté beaucoup de musique, et chanté à tue-tête en français, en anglais et en espagnol.  

Bien entendu, avec un prénom qui se retrouve en vedette dans une typique chanson québécoise, il n’a pas fallu longtemps avant qu’on lui fasse écouter le shack à Hector. Et nous avons baptisé sa maison ainsi, surtout que c’était souvent chez lui et sa famille que nous nous regroupions pour manger, chanter, boire et réviser l’alphabet.  

Ce que je retiens de cette expérience, outre une amitié profonde et durable, c’est la notion de partage. Nous sommes toujours dans le partage de nos cultures respectives, jamais dans le jugement et surtout jamais dans l’imposition. Ainsi, depuis que Hector connait ma famille et moi, la qualité de son français (que dis-je, de son québécois!) a fait des bonds de géant! Sa motivation pour apprendre à décupler, probablement en même temps que le nombre de nos activités.  

Je me plais à penser que c’est parce que nous nous intéressons à eux et à leur culture qu’ils s’intéressent plus à la nôtre. Ce n’est pas une relation unilatérale : j’apprends autant que lui. C’est dans le partage mutuel que nous nous retrouvons.  

Alors que le verbe partager était relié depuis des années à cliquer sur ce mot sur les réseaux sociaux pour faire de la publicité, aujourd’hui, grâce à mes nouveaux amis, j’ai retrouvé sa vraie valeur.  

Quand mon fils de 5 ans me demande : « Maman, pourquoi tu fais de l’espagnol, on ne comprend rien de toute façon! » Je lui réponds : « C’est pour avoir de nouveaux amis, minou. C’est une bonne raison, hein? » Il acquiesce. « C’est la meilleure raison maman! »

Dans le contexte de la pandémie, j’ai vu moins souvent Hector. Mais je continue mes sessions de Duolingo pour ne pas perdre mes acquis et nous nous parlons régulièrement. Ce qu’ils m’ont appris sur le partage ne s’évaporera pas à cause d’une pandémie, je vous le jure. J’ai bien l’intention de retourner dans le shack à Hector!